Identification et étude de la structure de la population du Globicéphale (Globicephala macrorhynchus) de l’archipel Guadeloupéen. (Cédric Millon)

Le Globicéphale n'est pas une espèce très fréquente ici en côte sous le vent de la Guadeloupe. Ils représentent en moyenne une dizaine d'observation par an, mais c'est une espèce magnifique à observer souvent calme et sociable avec le bateau. Il m'est arrivé par contre de les observer en train d'attaquer un groupe de cachalots, non pas pour les manger mais pour les stresser et les faire régurgiter les calmars afin de s'en nourrir, et au contraire les petits dauphins comme les dauphins tachetés pantropicaux et les dauphins de Fraser semblent en toute sécurité avec eux. On peut les retrouver aussi bien proche des côtes sur 500 mètres de fond qu'au large sur des fonds dépassant les 1500 mètres.

 

Etude de la population sur les deux premières années de notre activité (2019/2020)

Le premier travail est la photo-identification.

Pour la plupart des delphinidés nous nous basons sur les marques et cicatrices présentent sur la nageoire dorsale. Celle du Globicéphale est falciforme et située sur le premier tiers avant avec une base très large. En Guadeloupe, les dorsales sont assez marquées dans l'ensemble. Ainsi, sur bientôt deux ans, 12 sorties en 2019 et 9 en 2020, j'ai pu trouver 119 individus.

 

Depuis le début de notre activité, mis à part Juin et Septembre, les observations se répartissent sur toute l'année, je peux donc confirmer son statut de résidents en Guadeloupe.

Le Globicéphale est un animal grégaire, en Guadeloupe on l'observe généralement en sous groupes allant d'une dizaine d'individus à une cinquantaine. Lors d'une rencontre en mer, plusieurs individus sont pris en photo ensemble et nous pouvons ainsi étudier leurs liens sociaux. Sur les 21 rencontres en 2019-2020, 47 individus ont été observés au moins deux fois. Travailler sur ces individus donne plus de poids dans les conclusions, et plus il y aura de rencontres, plus l'identification des différents membres d'une famille se précisera.

 

Jusqu'ici j'ai pu mettre en évidence 3 familles. Une première assez importante avec 22 membres, une autre avec 10 et enfin 15 individus pour la dernière. Lors d'une rencontre il est rarement possible de prendre des photos de tous les individus du groupe, mais si une autre rencontre à lieu, nous retrouverons des individus du premier groupe, et avec de la chance, de nouveaux membres. Ensuite on fabrique une matrice de distance pour déterminer les liens familiaux, plus deux individus sont observés ensemble, plus les nœuds seront proche de 0. 

Pour chaque observation en mer je note la position GPS, ce qui me permet de produire comme suit la cartographie des rencontres de Globicéphales par année. Il ne semble pas y avoir de différence d'une année sur l'autre. Le globicéphale serait capable de faire des plongées d'une trentaine de minutes jusqu'à 800-900 mètres de profondeur pour se nourrir de céphalopodes et de poissons, ce qui pourrait expliquer que la majorité des observations se trouve au large sur de grandes profondeurs.